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Le blog littéraire d'Alexandre Faury
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13 juillet 2011

Grand Prix Universitaire de la Nouvelle : Fragments de campus (Hier, aujourd’hui, demain)

Nous voici 4 ans après la dernière publication de ce blog, 4 années pendant lesquelles les Muses inspiratrices ont connu des départs en retraite, des remplaçantes mal formées qui ont négligé le boulot, perdu des adresses de clients, etc. Bref du boulot de stagiaire qui m'a empêché de trouver l'idée de mon futur best-seller.

Un deuxième projet de roman est en train de prendre forme en format numérique et en 2D et à cette occasion (et surtout pour masquer mon manque d'inspiration sur une aussi longue durée) je ressors un texte oublié datant de 2005 et qui m'a inconsciemment inspiré pour mon roman Situations commencé quelques mois après. Je me suis fait rire tout seul en le relisant, j'espère qu'il vous amusera aussi. :)

 Il a été écrit à l'occasion du Grand Prix Universitaire de la Nouvelle sur le thème "Fragments de campus (Hier, Aujourd'hui, Demain)" mais il n'a pas été envoyé car il est resté inachevé. Cette oeuvre imparfaite figurera donc parmi les dernières pages de mes oeuvres complètes publiées dans quelques dizaines d'années dans la collection la Pléiade.

« Excusez-moi, madame. Mais je ne saisis pas trop ce que vous enseignez.

-Je suis professeur agrégagée d’histoire-chimie. »

Ainsi commença le premier cours de ma première année de sciences doctoriales. Un cours bien étrange car il commençait par un résumé de la vie de Louis XV alors que l’intitulé du cours était « Ascension sociale des réactions chimiques ». Je ne puis m’empêcher de faire une deuxième intervention : « Excusez-moi de vous déranger à nouveau mais je ne comprends pas l’intitulé du cours, ni pourquoi il commence par Louis XV.

-Parce que j’enseigne l’histoire et la chimie.

-Oui mais quel rapport avec la chimie ?

-C’est une mise en contexte historique, parce que la chimie ne s’étend pas que sur un siècle.

-Oui mais dans ce cas ça s’appelle « Histoire de la chimie » et non « Ascension sociale des réactions chimiques », ça veut rien dire ça. D’ailleurs je ne comprends même pas le nom de mes études : sciences doctoriales. Qu’est-ce qu’on y apprend en fait ? Le nom me fait penser à « docteur » mais je n’ai pas envie d’être docteur.

-Je comprends bien vos problèmes mais là vous me pourrissez un peu mon cours et je ne pourrais pas vous répondre. Voyez avec le président de l’université.

-Ok, merci. »

Le cours n’était pas très passionnant. Vers la moitié du cours la prof a commencé à parler de sa famille et des problèmes de santé de son tonton. Donc j’ai entamé une discussion avec mon voisin de gauche. A la fin du cours nous sommes sortis ensemble pour aller manger. En considérant sa petite taille je lui ai demandé : « Tu ne me sembles pas très grand pour un étudiant, tu as quel âge ?

-Huit ans.

-Ah oui d’accord je comprends mieux. Mais comment peux-tu être étudiant à huit ans ?

-Je me suis inscrit.

-Oui d’accord mais tu as ton bac ?

-Bien sûr, sinon je n’aurais pas pu faire ma licence de philosophie mécanique.

-Donc c’est ta quatrième année d’étude ?

-Oui, je ne sais pas pourquoi j’ai pris sciences doctoriales, je suis comme toi je ne sais pas ce que c’est donc il y a un effet de surprise dans tout ça.

-Oui c’est ce que je me suis dit. Mais ce qui m’intrigue surtout c’est le cours de coloriage, qu’est-ce que c’est exactement ?

-Eh bien on te donne un dessin et tu le colories avec des feutres, de la peinture ou ce que tu veux.

-C’est pas très intéressant ça, j’en ai déjà fait en sixième et en cinquième et j’atteignais difficilement la moyenne.

-Moi j’aime bien.

-Est-ce que tu saurais où se trouve le bureau du président ?

-Quel président ?

-Le président de notre université ! On dit pas président ?

-Si c’est bien ça, c’est facile il est tout en haut de la tour. Il paraît qu’elle est maléfique.

-La tour ? Ah oui je la vois d’ici, je ne l’avais pas remarquée. Merci.

-De rien. A tout à l’heure.

-A plus. »

Elle commençait drôlement cette journée. Mais bon, c’est marrant, ça me plaît bien. Je me dirigeai donc vers cette tour qui ressemble plutôt à un donjon. En montant les escaliers, je perçus un faible bruit venant d’en haut. Arrivé en haut je vis deux gardiens devant la porte du bureau du président. L’un d’eux me dit : « Excusez-moi mais ça va pas être possible.

-Pardon ?

-Vous ne pouvez pas entrer, le président est en train de dormir.

-Il n’a pas à dormir pendant les heures de travail !

-Il est douze heures zéro, c’est la pause repas.

-Eh bien raison de plus ! Réveillez-le et faites-le manger. J’ai besoin de le voir.

-Dans ce cas donnez-nous le mot de passe.

-Je ne sais pas quel est le mot de passe.

-C’est tracteur, me dit l’autre gardien.

-T’es con toi, fallait pas lui dire.

-Mais, il a l’air sympa ce jeune, y a pas de problème. Je te laisse entrer moi. Tu viens pour quoi en fait ?

-Pour me renseigner sur ma filière, mes cours et éventuellement m’inscrire ailleurs si ça ne me plaît vraiment pas.

-Ok je vais prévenir pépé. »

Il entra dans la pièce, puis vint me chercher pour me faire entrer une minute après. Je me retrouvai alors face à un petit vieux, qui avait trouvé la fantaisie de mettre une perruque bariolée, je ne sais pas trop pourquoi. Je lui dit en ces termes : « Bonjour je voudrais des renseignements s’il vous plaît.

-Bien sûr, assieds-toi. Tu veux quelque chose à manger ? Je peux faire des œufs sur le plat.

-Non merci. Je voudrais savoir simplement en quoi consistent mes études de sciences doctorales.

-Les sciences doctorales ! Je ne savais même pas qu’il y avait ça dans mon université ! C’est à cause des nouvelles réformes, je suis largué.

-C’est bien dommage, si vous ne savez pas m’expliquer ça je ne vois pas qui pourrait le faire. Mais j’ai remarqué que les cours ne correspondent pas exactement à l’intitulé du cours. Enfin je n’ai fait qu’un cours pour le moment mais on a parlé de Louis XV et de tonton Jean-Charles pendant deux heures dans un cours intitulé « Ascension sociale des réactions chimiques ».

-Ah oui ça je peux l’expliquer. On a écrit des morceaux de phrases sur des papiers que l’on a mis dans un chapeau. Tu vois c’est ce chapeau là sur le portemanteau. Puis on les a tirés par paires et on en a fait les appellations des cours.

-Dans ce cas ça ne me plaît pas beaucoup.

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  • Alexandre Faury est un jeune écrivain grenoblois dont le premier roman, Situations, paraît en 2007. Il vous fait partager sur ce blog ses textes absurdes et loufoques ainsi que des extraits d'oeuvres majeures, allant de l'Antiquité à notre époque.
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